Dans les Pyrénées, les vautours du versant Français, ou leurs cousins « los buitres » du versant Espagnol sont les oiseaux que nous croisons le plus souvent en vol.
Farouches au sol, ils retrouvent leur sérénité lorsque nous les côtoyons dans le ciel.
Avant mon premier vol en parapente, en 1985, le mot vautour m’imposait l’image de cet oiseau au cou déplumé, perché sur la pancarte du croquemort dans les BD de Lucky Luke.
Ensuite, je l’ai souvent rencontré dans les Pyrénées au cours de randos chanceuses, lorsqu’il retrouvait ses congénères à l’occasion de curées spectaculaires.
Mais là encore, c’est le nécrophage que j’observais. Il a encore fallu quelques années pour que mes progrès dans l’exploitation des ascendances thermiques m’offrent le plaisir de le retrouver dans son domaine de prédilection.
La découverte des vols sur le versant Espagnol, principalement Aragon, Navarre et Pays Basque m’a aussi apporté la joie de cheminer de nombreuses fois à leur côté.
Parfois seul ou avec quelques stagiaires au milieu d’une centaine de Buitres, nous tentions de leur imposer un sens de rotation dans le thermique que nous partagions. Mais c’était perdu d’avance… Parvenus quelques certaines de mètres plus haut, la grappe se dissipait sans avoir vécu la moindre collision. Après ce genre d’expérience, on oublie l’obsession de cet oiseau pour les cadavres, on l’admire simplement comme un maître du vol. C’est incroyable ce que l’on peut apprendre en l’observant voler.
Il y a beaucoup à dire sur les rapaces en général, mais j’ai choisi d’évoquer ici plus particulièrement les vautours, car ce sont vraiment ceux avec lesquels nous partageons le plus de temps en vol.
Dans les années 2000, Michel MOUZE, grand passionné des oiseaux planneurs, a participé à un documentaire animalier sur le vol des vautours, film de 52′ (FR3).
Ce film de Gilles Santantonio, intitulé « Vol au-dessus d’un nid de vautours », tourné en Aragon et Navarre et notamment dans le superbe secteur des Mallos de Riglos, a reçu le Grand Prix du Festival du film de St-Hilaire 2002.
Deux pilotes d’exception Françoise DIEUZEDE (experte en Delta) et Sandy COCHEPAIN (experte parapente) y ont activement participé.
Voici le lien youtube :
Michel a également écrit 3 livres nous délivrant toutes sortes de révélations sur la vie et le comportement des vautours.
Note : le premier de ces trois tomes a précédemment été publié sous les titres suivants : « Du vent dans les plumes » ou « La Pompe à Jules ».
Mon intérêt pour ces oiseaux m’a ensuite incité à organiser des stages parapente en Aragon et Navarre afin de faciliter la rencontre entre des pilotes et les « Buitres » du versant sud des Pyrénées.
Puis quelques années plus tard, j’ai eu le privilège de dénicher au pied des Sierras Espagnoles (plein sud de l’Aragon), un lieu extraordinaire consacré à l’observation des vautours. Ce site est géré par un couple passionné par ces oiseaux. Ils ont donc choisi de transformer leur ferme d’élevage de lapins en observatoire ornithologique spécialisé sur l’étude de ces charognards, qui viennent prendre leur petit déjeuner chaque matin, lorsque les conditions météo le permettent.
Comme vous pouvez le découvrir sur les photos de cet article, ils viennent par centaines se percher tout d’abord sur les pins environnants, puis plus près de l’aire de nourrissage, dans l’espoir d’être les premiers à s’accaparer une petite friandise offerte par « Buitreman », le maitre des lieux . Ensuite, après avoir bu dans la marre, ils prennent le temps de digérer leur humble pitance, puis décollent sous vos yeux pour rejoindre les premiers thermiques de fin de matinée.
Les observateurs sont invités à demeurer silencieux derrière les vitres teintées de l’observatoire.
Si vous avez la chance d’aller voler dans le secteur d’Ager, prenez la peine de pousser un peu plus au sud pour vous offrir une nuit sur place et assister après votre petit déjeuner à celui des vautours. Le déplacement en vaut vraiment la peine et les hôtes sont adorables et passionnants…